Les médias influencent considérablement nos croyances et notre attitude à l’égard des autres. Cette influence est particulièrement puissante lorsque notre expérience personnelle de ces « autres » est limitée, comme c’est souvent le cas pour la communauté des personnes autistes.
Les médias peuvent être utiles pour informer et sensibiliser, mais leur efficacité dépend essentiellement des compétences des éducateurs en la matière. Par ailleurs, les médias peuvent aussi contribuer à la stigmatisation de l’autisme en renforçant les stéréotypes négatifs.
Les œuvres de fiction tendent à classer les personnages autistes en quatre catégories : magiciens/surdoués, différents/excentriques, non diagnostiqués/non étiquetés, et représentations réalistes. La plupart des personnages sont des autistes de haut niveau et verbaux, ce qui ne représente pas la majorité de la communauté. La représentation de l’autisme dans les médias grand public manque également de diversité ; même si elle a augmenté ces dernières années, elle ne représente toujours pas la réalité de la communauté.
La catégorie des « magiciens/surdoués » fait partie des catégories irréalistes, dans lesquelles les personnes autistes sont placées au-dessus de la moyenne grâce à leurs capacités uniques. Même s’il est bien sûr possible d’être exceptionnellement doué dans un domaine en étant autiste, cela reste très rare. Un film bien connu dans cette catégorie est Rain Man (1988), où Raymond présente des déficiences cognitives et sociales essentielles, mais possède une excellente mémoire visuelle et est remarquablement doué pour les chiffres.
La catégorie « différent/excentrique » représente un personnage qui, même s’il est considéré comme faisant partie du spectre autistique, doit son comportement inhabituel à sa personnalité et non à l’étiquette d’autiste qu’il porte. Il s’intègre dans la société parce qu’il assume ses différences et a quelque chose d’unique, qui n’est pas forcément lié à une représentation réaliste. Legally Blonde (2001) est un film comique dans lequel le personnage principal n’est jamais étiqueté comme faisant partie du spectre autistique, mais où il en partage certaines caractéristiques, comme la connaissance approfondie de ses centres d’intérêt ou l’utilisation du rose comme moyen de créer une routine fixe dans sa vie. Cependant, ces caractéristiques sont toujours exprimées comme faisant partie de sa personnalité et non comme un indice pour un éventuel diagnostic.
La catégorie des personnages non diagnostiqués/non étiquetés regroupe les personnages qui n’ont pas été étiquetés comme autistes mais qui présentent des symptômes d’autisme. Abed Nadir de la sitcom Community (2009) est un exemple clair de personne présentant un spectre autistique non diagnostiqué, bien qu’un autre personnage dans le premier épisode le mentionne parce qu’il est très brusque et manque de repères sociaux. Cependant, pendant toute la durée de la série, le diagnostic n’est jamais confirmé.
La dernière catégorie de personnages autistes est celle des représentations réalistes. Ils sont en adéquation avec les critères du DSM-5 et ne sont pas dépeints de manière excessivement négative ou positive, ni ne présentent de caractéristiques extraordinaires. Une série télévisée récente qui représente de façon réaliste une personne ayant des troubles du spectre autistique est Atypical (2017), une comédie dramatique sur le passage à l’âge adulte centrée sur la vie d’un adolescent autiste. Le cas de cette série est intéressant car la première saison a été très critiquée pour son manque de réalisme. Cependant, dans les saisons suivantes, le studio a embauché des scénaristes et des acteurs autistes, ce qui a permis à Atypical de devenir une série représentant avec justesse la communauté autiste.
En dehors de la représentation dans la fiction, il existe des documentaires qui donnent une image beaucoup plus réaliste, parce qu’ils filment des personnes atteintes du spectre autistique dans différentes situations concrètes. Les documentaires peuvent avoir des partis pris et ne pas présenter une vision impartiale de l’autisme, mais la plupart du temps, ils ne montrent pas de comportements contraires à la réalité. Normal People Scare Me (2006) est un documentaire réalisé par Taylor Cross, un adolescent autiste, et sa mère, Keri Bowers, dans lequel ils interrogent des personnes autistes et certains de leurs proches sur les difficultés liées au fait d’être étiqueté autiste. Ce film est basé sur un court métrage de 10 minutes qu’ils ont réalisé en 2004 et qui est disponible sur YouTube. Le film est un exemple extraordinaire de la diversité des capacités et des âges que l’on trouve au sein de ce groupe. Des adultes ayant fait des études supérieures, des enfants « ordinaires » et un jeune adulte non verbal s’y expriment sur leur diagnostic.
Pour faire connaître à la société la réalité des personnes autistes, il est nécessaire que ces dernières soient représentées dans les médias grand public. L’un des domaines où les personnes autistes souffrent le plus d’exclusion est l’école, car le système scolaire est conçu pour les personnes neurotypiques : les médias peuvent être utiles pour y informer sur les troubles du spectre autistique. Si vous les combinez avec l’apprentissage en ligne, ils permettront aux étudiants de recevoir l’information de manière plus interactive.
Notre projet, ELSupport, vise à réduire l’exclusion des étudiants autistes des environnements numériques. De plus, nous désirons fournir du matériel et des outils aux enseignants et aux parents afin d’améliorer leur formation en ce qui concerne les personnes neurodiverses. L’apprentissage en ligne est une opportunité de créer un environnement d’apprentissage adaptable aux diversités individuelles, mais il est nécessaire de disposer des connaissances et des outils nécessaires pour y parvenir.
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Références :
Bowers, K. & Cross, T. (Director). (2004) Normal People Scare Me [Short-Film] https://www.youtube.com/watch?v=IYu-s8VVCKk
Jones, S. C., Gordon, C. S., & Mizzi, S. (2023). Representation of autism in fictional media: A systematic review of media content and its impact on viewer knowledge and understanding of autism. Autism, 27(8), 2205-2217. https://doi.org/10.1177/13623613231155770
Prochnow, A. (2014). An analysis of autism through media representation. ETC: a review of general semantics, 71(2), 133-149.