Commençons par un petit exercice pour entrer en matière : pouvez-vous citer 5 youtubeurs qui font des vidéos sur des thématiques différentes ?
Oui ? Bien. Et maintenant, même exercice, mais citez 5 youtubeuses qui parlent de sujets différents.
Evidemment, c’était une question piège, car il ressort de la plupart des classements de youtubeuses que leurs thématiques de prédilection sont majoritairement la mode, la beauté et le « lifestyle » ou la vie quotidienne. Les femmes sont sous représentées dans certains domaines : la politique, les médias, les technologies, les start-ups, et cela s’applique aussi en matière de présence en ligne.
Une étude publiée en 2018 intitulée « Exploring the YouTube science communication gender gap: A sentiment analysis (Exploration de l’inégalité de genre dans la communication scientifique sur YouTube: analyse d’opinions) » s’est intéressée aux chaines YouTube qui proposent du contenu lié aux sciences, à la technologie, à l’ingénierie et aux mathématiques. Sur les 391 chaines les plus populaires, seulement 32 étaient présentées par des femmes, soit moins de 10%. Le contenu de 450 vidéos de 90 chaines a été analysé et il a été constaté que les chaines qui étaient présentées par des femmes avaient un taux de commentaires par visionnage supérieur aux chaines présentées par des hommes, mais avaient surtout une proportion très élevée de commentaires sur l’apparence des présentatrices, avec du contenu hostile, négatif, sexiste ou sexuel.
Au Royaume-Uni, un article paru en 2018 intitulé « Anxiety, panic and self-optimization: Inequalities and the YouTube algorithm (Angoisse, panique et amélioration de soi : les inégalités et l’algorithme de YouTube) » démontre que sur les 50 chaines qui cumulent le plus d’abonnés, 43 sont gérées par des hommes qui s’intéressent à différents sujets : gaming, sport, technologie, humour, ou encore politique. Parmi les 7 chaines restantes, 2 sont produites par et pour des jeunes de moins de 18 ans (et leurs parents) et sont spécialisées dans les jeux et jouets ou l’humour. Enfin, sur les 5 chaines restantes, qui sont gérées par des femmes, l’une est une chaine de gaming et les 4 autres sont spécialisées dans tout ce qui est mode, luxe, cosmétique et « lifestyle ». À cette sous-représentativité féminine vient s’ajouter la tendance qu’a l’algorithme de YouTube à récompenser et valoriser les contenus transmettant une image stéréotypée de la féminité en accord avec les désirs et besoins des marques et annonceurs (Sophie Bishop, 2018). Il est donc peu probable que les YouTubeuses accèdent au podium des vidéos les plus visionnées.
Mais alors comment expliquer cette tendance, et surtout comment la renverser ? Evidemment, il n’y a pas de formule magique ni de solution miracle, mais plutôt des pistes de réflexion.
Pour commencer, il y a plusieurs facteurs explicatifs de cette sous-représentation féminine :
- Malgré le fait que certaines YouTubeuses créent des vidéos sur des thèmes qui ne sont pas associés à leur genre, il peut arriver que les annonceurs refusent d’être associés à du contenu créé ou présenté par des femmes (sauf quand il est question de placements de produits liés au lifestyle et à la beauté). S’il y a moins d’annonceurs, cela limite la monétisation de ces vidéos qui sont donc moins susceptibles d’être promues par l’algorithme de YouTube. Ainsi, la politique de valorisation de monétisation de YouTube participe à réduire la visibilité des femmes dans des thèmes non associés à leur genre.
- Il y a ensuite le fameux syndrome de l’imposteur, la peur du jugement et un sentiment d’illégitimité de beaucoup de femmes pour parler de sujets considérés comme « masculins », tels que la science, l’histoire, la technologie, le sport, etc. Ce syndrome se trouve largement accentué par les commentaires de l’audience, souvent plus réducteurs, sexistes et menaçants qu’encourageants lorsqu’il s’agit de vidéos créées par des femmes.
- En soi, il n’y a rien de mal à ce qu’une créatrice de contenu choisisse de traiter de la mode, la beauté, le lifestyle ou d’autres thématiques considérées comme féminines. Cependant, le fait que l’écrasante majorité des vidéos créées par des femmes se limite à ces sujets peut parfois donner l’impression que les femmes ne pourraient pas s’aventurer vers d’autres thématiques.
- Enfin, dans la mesure où les femmes manquent de modèles et d’exemples à suivre, leurs ambitions et leur audace peuvent s’en trouver limitées.
Une fois ce constat dressé, il faut garder à l’esprit que sur internet, et en particulier sur YouTube, il y a bien assez de place pour tout le monde. Le contenu des uns ou des unes ne se fait pas nécessairement au détriment des autres. Alors comment inciter les femmes à oser d’avantage et à s’exprimer plus activement sur internet ? Nous proposons quelques pistes d’action et de réflexion :
Mise en lumière ou « désinvibilisation » :
Plusieurs initiatives s’attachent à mettre en valeur les contenus, en particulier les vidéos, créés par des femmes. C’est le projet par exemple de deux initiatives en France :
- les Internettes (https://youtu.be/GiCooRTPYTo), qui organise par ailleurs un concours de création de vidéo en partenariat avec le CNC (Centre National du Cinéma).
- une initiative encadrée par YouTube appelée #EllesFontYouTube, lancé en octobre 2016, vise à soutenir et célébrer la création féminine (https://ellesfont.withyoutube.com/en).
Inclusion à travers le monde :
Dans les pays en voie de développement, les femmes ne représentent que 40% des internautes. Plus il y aura d’initiatives mises en place par les femmes et pour les femmes, plus leur émancipation sera favorisée. Le projet SmartWoman est une initiative qui a pour but de réduire l’écart numérique entre les hommes et les femmes dans le but de contribuer à l’émancipation et l’amélioration des conditions de vie des femmes et des filles dans le monde, en particulier dans les pays en voie de développement.
Bienveillance pour tous :
Le mot « hater », qui se pourrait se traduire par « haineux », fait partie du vocabulaire courant d’internet. Un commentaire sur dix sur les pages Facebook des médias est haineux. Voici une vidéo intéressante contre le contenu haineux sur internet.
Pour les hommes, les femmes et les enfants, l’attention, le respect et l’intégrité devraient faire partie des principes de base à appliquer sans distinction. Un groupe Facebook français appelé #jesuisla, inspiré d’un groupe facebook suédois de 2016 « #jagärhär », s’est donné pour mission de lutter contre la cyberintimidation, les propos haineux, les fake news (ou infox), et toute autre forme de discours de haine. Selon ses créateurs : « l’idée est de dire à ceux qui sont maltraités sur les réseaux sociaux : nous sommes prêts à vous soutenir et ce n’est pas la norme d’être insulté, harcelé parce que nous appartenons à telle ou telle communauté. Nous combattons les préjugés et les idées fausses avec des faits et des chiffres. »
L’éducation, mère de toutes les batailles :
Eduquer et sensibiliser le plus tôt possible est important pour combattre les stéréotypes et les préjugés. Les enseignements doivent être destinés tant aux garçons qu’aux filles pour qu’ils puissent construire ensemble une société et des médias qui leur ressemblent et qui leur permettent de s’épanouir.
L’UE accorde chaque année des subventions au programme Erasmus+ pour encourager les initiatives de partenariat qui favorisent une approche innovante de l’éducation. Dans le but de désinvisibiliser les femmes et de mettre en valeur les modèles féminins, 4 organisations de Chypre, de Grèce, de Belgique et de Pologne ont créé le projet FLYie (« Female Legends, Youth innovation and entrepreneurship »). L’idée du projet est de fournir aux étudiants des exemples de femmes entrepreneures à suivre pour les encourager à choisir des carrières de gestion et de prendre le risque de fonder leur propre entreprise.
Pendant la phase de recherche, les partenaires iront à la rencontre de femmes qui ont choisi la voie de l’entreprenariat avec ses hauts et ses bas. Parce que nous croyons que partout il y a des femmes inspirantes, qui ont la force, le courage et la ténacité de bâtir de grandes initiatives et d’inspirer les nouvelles générations.
Le projet a débuté en juin 2019 et durera 2 ans.
Inclusion à travers le monde :
Dans les pays en voie de développement, les femmes ne représentent que 40% des internautes. Plus il y aura d’initiatives mises en place par les femmes et pour les femmes, plus leur émancipation sera favorisée. Le projet SmartWoman est une initiative qui a pour but de réduire l’écart numérique entre les hommes et les femmes dans le but de contribuer à l’émancipation et l’amélioration des conditions de vie des femmes et des filles dans le monde, en particulier dans les pays en voie de développement.
Bienveillance pour tous :
Le mot « hater », qui se pourrait se traduire par « haineux », fait partie du vocabulaire courant d’internet. Un commentaire sur dix sur les pages Facebook des médias est haineux. Voici une vidéo intéressante contre le contenu haineux sur internet.
Pour les hommes, les femmes et les enfants, l’attention, le respect et l’intégrité devraient faire partie des principes de base à appliquer sans distinction. Un groupe Facebook français appelé #jesuisla, inspiré d’un groupe facebook suédois de 2016 « #jagärhär », s’est donné pour mission de lutter contre la cyberintimidation, les propos haineux, les fake news (ou infox), et toute autre forme de discours de haine. Selon ses créateurs : « l’idée est de dire à ceux qui sont maltraités sur les réseaux sociaux : nous sommes prêts à vous soutenir et ce n’est pas la norme d’être insulté, harcelé parce que nous appartenons à telle ou telle communauté. Nous combattons les préjugés et les idées fausses avec des faits et des chiffres. »
L’éducation, mère de toutes les batailles :
Eduquer et sensibiliser le plus tôt possible est important pour combattre les stéréotypes et les préjugés. Les enseignements doivent être destinés tant aux garçons qu’aux filles pour qu’ils puissent construire ensemble une société et des médias qui leur ressemblent et qui leur permettent de s’épanouir.
L’UE accorde chaque année des subventions au programme Erasmus+ pour encourager les initiatives de partenariat qui favorisent une approche innovante de l’éducation. Dans le but de désinvisibiliser les femmes et de mettre en valeur les modèles féminins, 4 organisations de Chypre, de Grèce, de Belgique et de Pologne ont créé le projet FLYie (Female Legends, Youth innovation and entrepreneurship). L’idée du projet est de fournir aux étudiants des exemples de femmes entrepreneures à suivre pour les encourager à choisir des carrières de gestion et de prendre le risque de fonder leur propre entreprise.
Pendant la phase de recherche, les partenaires iront à la rencontre de femmes qui ont choisi la voie de l’entreprenariat avec ses hauts et ses bas. Parce que nous croyons que partout il y a des femmes inspirantes, qui ont la force, le courage et la ténacité de bâtir de grandes initiatives et d’inspirer les nouvelles générations.
Le projet a débuté en juin 2019 et durera 2 ans.
Visitez site web du projet : https://femalelegends.eu/
Suivez le projet sur facebook ou sur twitter.
#flyie #erasmusplusproject
En collaboration avec : Challedu- inclusion | jeux | éducation, le Centre pour l’éducation et le soutien à l’entreprenariat (CWEP), Citizens In Power (CIP)