Est-il encore nécessaire de présenter les escape games ou escape rooms ? Ces expériences ultra immersives et super excitantes qui consistent à remplir une mission pour sortir de la salle dans laquelle on est enfermé en un temps donné ? Pour y parvenir, il faut résoudre un certain nombre d’énigmes et d’intrigues, déverrouiller des codes et trouver la solution avant que le temps ne soit écoulé.
Les escape rooms dit “commerciaux” se sont largement développés en Europe et on a vu de nouveaux formats d’escape game émerger (des escape games digitaux, sous format de jeu de plateau…). Au-delà des nouveaux formats d’escape game, on a également vu les thématiques changer pour passer du pur divertissement au ludique pédagogique. En effet, le secteur éducatif et de la formation a su identifier quels bénéfices pouvaient être tirés des mécanismes des escape games, et comment combiner à la fois motivation, enthousiasme et engagement des apprenants avec des objectifs pédagogiques (formation, apprentissage d’outils, approfondissements de leçon).
En bref, de là sont nés les learning escape games, c’est à dire des escape games pédagogiques qui permettent aux joueurs d’aborder un sujet/une thématique et de développer en même temps des connaissances théoriques et des compétences pratiques.
Les avantages que présentent ce type d’escape games ne sont plus à prouver, mais comment faire, lorsque l’on est professeur, éducateur ou formateur pour s’assurer que l’escape game pédagogique que l’on développe répond aux besoins de tous les apprenants, c’est à dire qu’il soit accessible et inclusif quel que soit le profil des participants ? Ici nous faisons surtout référence aux participants qui peuvent présenter des troubles de l’apprentissage (aussi appelés DYS), ou bien avoir un handicap : insuffisance visuelle, auditive, ou physique. Il faut bien garder à l’esprit que la mise en situation du jeu doit permettre aux apprenants de faire un apprentissage réflexif sur différentes façons d’apprendre et de travailler en équipe. Donc même si toutes les étapes et les énigmes ne sont pas adaptées à chacun, c’est avant tout la collaboration, l’entraide et la complémentarité qui peuvent et doivent être mises en place et valorisées dans ce type d’exercice.
Vous l’aurez donc compris, il est difficile de proposer un escape game qui soit adapté à chacun, mais quelques points élémentaires peuvent être considérés. Et souvenez-vous que les adaptations que vous ferez pour des participants à besoins spécifiques seront largement bénéfiques à tous les autres participants.
Dans un premier temps quelques ADAPTATIONS DE L’ENVIRONNEMENT sont primordiales :
- Privilégier les plans inclinés, éviter les marches, penser à la largeur entre les différents espaces (au moins 1m de large)
- Éviter de cacher des indices à des endroits qui nécessitent de grimper, escalader, ramper.
- Placer des étagères/comptoirs à une hauteur accessible
- Bien structurer l’espace
En dehors des personnes à mobilité réduite qui peuvent être en fauteuils roulants, rappelez-vous que tous les participants n’ont pas la même taille, donc tâchez d’optimiser pour que tout soit accessible par tous, et pensé pour que chacun puisse se sentir à sa place (pour les participants très grands, un espace exigu peut être anxiogène). Idem, pour la structure de l’espace, pour les participants qui ont des défaillances visuelles ou des troubles de l’attention, un espace bien structuré peut les aider à mieux séquencer les différentes étapes, se repérer par rapport à l’espace du jeu et mieux comprendre les mécanismes.
Enfin, si certaines étapes de votre escape game ne sont pas adaptées à tous les participants, cela n’est pas rédhibitoire, mais il est essentiel de bien prévenir tous les joueurs à l’avance pour qu’ils puissent d’ores et déjà intégrer le fait que certaines tâches devront être remplies par certains coéquipiers plus que d’autres. Cela peut avoir un effet bénéfique de responsabilisation, d’optimisation du temps et d’émulation pour le groupe.
Ensuite pour L’AMBIANCE VISUELLE ET SONORE
Là aussi, les sons, bruits, images, couleurs, lumières qui sont déployés dans le cadre de l’escape game doivent être bien pensés en amont car tous les participants ne réagissent pas de la même façon aux stimuli visuels et auditifs.
- S’il doit y avoir de la musique, opter pour une musique neutre et le moins fort possible
En effet, une musique ou un fond sonore trop présent peut avoir un effet stressant et contre-productif pour certains participants. Pour les personnes sourdes ou malentendantes, cela peut les empêcher d’entendre et comprendre leurs coéquipiers, pour les participants qui souffrent de troubles de la concentration, la musique peut également les désorienter.
- La lumière ne doit être ni trop sombre, ni trop “agressive”
En effet, cela va de soi qu’une atmosphère trop sombre ou tamisée pénalise les personnes avec des troubles visuels, ce qui les rend moins aptes à lire/déchiffrer ou trouver les indices. Au même titre qu’une lumière trop vive pour des participants avec des troubles de la concentration peut les bloquer ou les stresser. Il est recommandé d’éviter les effets d’éclairage type stroboscopique qui peuvent, là encore, désorienter les participants.
Une surcharge de stimuli visuel et auditif peut ainsi mettre en difficulté certains joueurs qui peuvent par la suite avoir des difficultés à trier l’information et à déterminer la réponse à fournir.
Ces recommandations, bien qu’elles concernent principalement les personnes qui ont des troubles auditifs, visuels ou cognitifs sont également bénéfiques à n’importe quel type de participant, avec ou sans trouble ou handicap.
Adapter le TEMPS
Le temps peut être non seulement une source de stress ou bien peut être difficile à percevoir / appréhender pour certains. Pour vous assurer que celui-ci est clairement compréhensible par tous, optez pour des outils de type minuteur visuel ou des sabliers qui permettent aux participants de visualiser le temps passé et le temps restant par rapport à des repères visuels. Évitez le compte à rebours avec les chiffres qui défilent à la vitesse des secondes ou des millisecondes qui peuvent augmenter l’angoisse et être contre-productif.
De même, adaptez le temps imparti au jeu, considérez que certaines tâches ou étapes peuvent nécessiter plus de temps à certains en fonction de leur capacité de concentration ou s’ils souffrent de handicaps.
Ces arrangements peuvent être considérés comme du bon sens, mais souvent nous avons tendance à ignorer ou oublier ce que peuvent ressentir les autres, non pas par manque d’empathie, mais plutôt par manque d’observation, de communication et d’information.
Ceci était la première partie de notre article pour vous aider à développer un escape game inclusif. Nous rédigerons, dans un futur proche, un deuxième article qui traitera des adaptations et des aménagements qui peuvent être envisagés pour développer le matériel du jeu (les énigmes, les indices). Nous aborderons également le rôle du maitre de jeu et comment optimiser sa communication face à un public qui rencontre des troubles spécifiques de l’apprentissage ou des handicaps.
Source: www.freepik.com
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En collaboration avec : Citizens in Power, CEPROF, l’Institute of Entrepreneurship Development (iED)