Dans notre précédent article « Des bandes dessinées pour l’éducation : Une approche engageante de l’enseignement et de l’apprentissage« , nous avons examiné comment la bande dessinée peut être un outil efficace d’apprentissage, dans la mesure où elle met en valeur des connexions visuelles-verbales, ce qui est un excellent de stimuler le cerveau des élèves et de faciliter l’écriture, la compréhension de la lecture, l’apprentissage des langues et la création de sens.
Mais que ce passe-t-il dans le cas d’apprenants qui ont des difficultés d’apprentissage ou un trouble spécifique de l’apprentissage (TSA) ? Est-ce que les bandes dessinées sont recommandées comme support pour aider ces apprenants et améliorer leurs compétences et leur apprentissage ? Comment adresser la question des bandes dessinées pour les élèves « dys » ?
On pense généralement à tort que la bande dessinée est un support trop léger qui ne convient pas pour soutenir l’apprentissage réel en général. Néanmoins, la recherche scientifique confirme que, puisqu’une grande partie de notre cerveau est consacrée au traitement des données visuelles, l’utilisation d’outils de soutien visuel telles que les bandes dessinées est efficace et peut constituer un facteur important pour la réussite de tous les élèves, en particulier pour ceux qui ont des difficultés d’apprentissage, des troubles de spécifiques de l’apprentissage, ou des handicaps cognitifs et comportementaux.
On peut argumenter que toutes les bandes dessinées ne sont pas accessibles aux apprenants souffrant de troubles spécifiques de l’apprentissage. Toutefois, nous soutenons que si elles sont conçues de manière spécifique, il est possible de fournir une structure claire et d’aider ces apprenants à comprendre les notions clés d’une leçon de manière plus visuelle.
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Nous énumérons ci-dessous quelques adaptations de bandes dessinées qui peuvent être réalisées lors de la création d’un strip ou d’une planche pour aider les lecteurs dys.
On peut argumenter que toutes les bandes dessinées ne sont pas accessibles aux apprenants souffrant de troubles spécifiques de l’apprentissage. Pourtant, nous soutenons que si elles sont conçues de manière spécifique, il est possible de fournir une structure claire et d’aider ces apprenants à représenter les notions clés d’une leçon de manière plus visuelle.
Adaptations dans le texte
En général, l’utilisation de polices Sans Serif expressives, de texte écrit en majuscules et de textes courts soutien l’aspect visuel de la lecture des bandes dessinées pour de nombreux enfants et adultes dyslexiques. Cependant, les polices manuscrites peuvent être difficiles à lire, en particulier pour les élèves atteints de troubles spécifiques de l’apprentissage. L’écriture automatique ou numérique utilise aujourd’hui des polices qui ressemblent à un style manuscrit, comme c’est une convention de la bande dessinée, mais des polices de type Comic Sans et Sans Serif sont considérées comme rendant la lecture plus facile pour les dys (British Dyslexia Association).
Par ailleurs, une adaptation importante consiste à éviter les italiques, qui sont assez souvent utilisés dans les bandes dessinées classiques par exemple dans les dialogues, les monologues intérieurs, ou encore les légendes. Il vaut mieux éviter d’utiliser les caractères italiques, qui peuvent rendre plus difficile de distinguer les lettres entre elles, et donc de lire les mots. Au lieu des italiques, le texte peut être surligné, écrit en gras ou encore écrit dans une couleur de texte différente.
Les chiffres
Pour les apprenants atteints de troubles spécifiques de l’apprentissage, il est préférable d’écrire les numéros en toutes lettres, sauf s’il s’agit d’une date, d’une numérotation, d’une partie d’un nom ou d’un nombre plus important.
L’adaptation des cases
La case est le cadre où se déroule l’action, comme si la regardait « à la caméra ». Une case de bande dessinée adaptée doit être suffisamment grande, avec un contour clair et dans un ordre qui suit le sens de lecture habituel, donc de gauche à droite pour les pays occidentaux. Cela aidera le lecteur « dys » à distinguer les différentes actions et scènes, ce qui lui permettra de naviguer facilement dans les différentes cases et dans l’histoire. Pour les jeunes lecteurs, l’ordre de lecture des cases peut être indiqué par des flèches.
Dans le cas des bandes dessinées japonaises (manga), l’ordre de lecture est de droite à gauche.
Cela peut représenter une difficulté supplémentaire pour les lecteurs dys, tout du moins au début.
Les bulles ou phylactères
Les bulles de bande dessinée (ou phylactères), rendent le discours ou le sonore visible. Le texte à l’intérieur d’un ballon se lit par rapport à la position du locuteur. Pour les élèves dys, il est important d’utiliser des queues de bulles claires pour indiquer quel personnage parle en pointant vers sa bouche.
Les bulles peuvent varier en termes de forme et de taille, à condition qu’elles restent cohérentes tout au long de la bande dessinée et qu’elles ne se chevauchent pas entre elles ou avec le cadre des cases. Il est également important d’avoir suffisamment d’espace à l’intérieur des bulles pour y insérer le texte et éviter l’utilisation de tirets qui étirent un mot sur plusieurs lignes.
Les cartouches (boites de légende)
Les cadres de textes dans les bandes dessinées sont des cases de légende qui donnent plus d’éléments sur l’histoire : le lieu et l’heure, le monologue interne, les personnages hors champ ou la voix du narrateur par exemple. Ces légendes utilisent généralement la même police que le dialogue, mais il faut toujours éviter de les écrire en italique ou en gras comme mentionné précédemment.
La conception graphique et les illustrations
En termes de conception graphique et d’illustration, une bonne qualité d’image ainsi qu’une bonne qualité d’impression en version papier doivent être assurées pour les lecteurs atteints de troubles spécifiques de l’apprentissage. Il convient d’éviter les dessins surchargés et l’utilisation de nombreuses couleurs vives, mais le contraste des couleurs (noir et blanc) et des contours clairs constituent des choix sûrs. En outre, il convient de faire attention à la distance entre l’image et le texte, qui ne doivent pas être trop éloignés pour que le lecteur puisse faire les liens entre les deux facilement.
Les quelques adaptations simples de bandes dessinées mentionnées ci-dessus peuvent être mises en œuvre pour faciliter la lecture des dys en rendant les bandes dessinées plus accessibles et inclusives pour tous. Ainsi, la bande dessinée peut soutenir non seulement les élèves pour développer leurs compétences et à apprendre à l’école, mais aussi pour accroître leur confiance en leurs capacités, et cela pourrait même susciter un intérêt supplémentaire pour la lecture. Comme pour toute ressource pédagogique, leur application n’est limitée que par l’imagination de l’enseignant.
Logopsycom, en collaboration avec des organisations partenaires en Grèce, à Chypre, en Roumanie, en France et en Espagne, travaille sur le projet Erasmus+ « EdComix » pour diffuser les connaissances sur l’utilisation de la bande dessinée pour l’apprentissage de l’anglais de manière inclusive (en ce qui concerne les troubles spécifiques de l’apprentissage mais aussi les différences socioculturelles). Le projet fournira aux enseignants et aux étudiants les outils nécessaires pour créer leurs propres strips et pages de bande dessinée pour une pédagogie innovante.
Un projet Erasmus+
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En collaboration avec : YuzuPulse, le collège technique “Mihai Bacescu” de Falticeni (Roumanie), Areadne, Babel idiomas, Citizens in Power